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Dictionnaire : 362bis de la BnF

 

Dans le Fonds mexicain de la Bibliothèque nationale de France se trouve un cahier de grande taille archivé sous le numéro 362bis. Sur la couverture est collée une étiquette où sont mentionnées les indications suivantes :

 

Manuscrit

un volume in-quarto (286. pages)

Dictionnaire Espagnol-Nahuatl

N° 362bis

Volume de 48 Feuillets

21 septembre 1898

 

La page numérotée 1 comporte, au recto, les indications suivantes :

 

Dictionnaire

Nahuatl-Espagnol

sans nom d’auteur

Manuscrit – un cahier in-folio

composé de 56. feuillets.

Hauteur 0"31. largeur 0"21.

L’écriture de ce manuscrit nous fait supposer

qu’il date du siècle passé.

Il porte sur les marges plusieurs

annotations faites de la main de Mr.

Aubin.

 

Le texte du dictionnaire lui-même commence au recto de la page 2. Cette page a été tamponnée deux fois : en haut au centre, avec le tampon « BF. Bibliothèque nationale manuscrits » ; en bas, à droite avec le tampon « Collection E. Eug. GOUPIL à Paris. Ancienne collection J.M.A. AUBIN ».

 

Entre la page 6 verso où se termine la lettre A, et la page 7 recto où commence la lettre C, il y a trois pages blanches ; sur la deuxième et la troisième de ces pages se trouvent collés des petits morceaux de papier et de tickets, sur lesquels sont écrits quelques mots en nahuatl, avec leur traduction et des renvois, écrits de la main de Aubin ; par exemple :

Za tepiton, renvoi du mot tepiton.

Oc hueca, V. Hueca 

La même chose se reproduit entre la page 7 verso qui se termine par une entrée Can, et la page 8 recto qui commence par une autre entrée Can.

 

Il n’y a rien d’écrit sur les pages 11 verso et 12 recto, avant la lettre H, sur la page 14 verso, avant la lettre Y, sur la page 26 verso, avant la lettre N, sur les pages 29 verso et 30 recto et verso, avant la lettre O, sur les pages 33 verso et 34 recto, avant la lettre P, sur la page 36 verso, avant la lettre Q, sur la page 39 verso, avant la lettre T, sur la page 43 verso, avant la lettre Z. Les pages finales, 48 recto et verso, sont blanches. Aubin a parfois utilisé ces pages blanches pour noter quelques particules ou expressions grammaticales et leurs renvois à d’autres.

 

L’écriture est petite et serrée, de facture soignée.

 

Le dictionnaire

 

L’ouvrage consiste en un dictionnaire de 923 particules grammaticales du nahuatl classique. Les particules, leur traduction et leur exemplification ont été extraites de l’Arte de la Lengua Mexicana con la declaración de los adverbios della, du Père Horacio Carochi, 1645.

 

Le travail de l’auteur du 362bis a consisté à relever dans l’Arte de Carochi ce que lui-même appelle « adverbios » et qui sont, entre autres, des adverbes, comme achic…, des quantificateurs, comme tepiton…, des tournures locatives-possessives, comme –pan, -pampa, -tlan…, des morphèmes grammaticaux, comme -ca- « ligatura », -cauh « terminacion q[ue] los verbos en qui, y en ni soman quando se juntan con los semipronombres posesivos no, mo, i », -can « terminacion del plural del imperativo »…, des particules interrogatives, négatives, assertives, exclamatives… Par contre, on n’y trouve pas les affixes de la morphologie nominale ou de la diathèse verbale ; par exemple, -huan, junto, en compañia de otro apparaît avec la mention « preposicion », mais le suffixe possessif pluriel –huan n’est pas donné.

 

L’auteur, anonyme, suit à la lettre Carochi, sauf qu’il ne reproduit que rarement les longueurs vocaliques, le plus souvent pour distinguer deux homophones en entrée ; les saltillos sont à peine plus fréquent. C’est le système de notation mis en place par Carochi qui est alors utilisé, un trait sur la voyelle longue (Mā, ), l’accent circonflexe sur la voyelle pour marquer le saltillo en finale de mot (Icâ, in caxtiltecâ, yê), mais pas l’accent pour marquer le saltillo dans les autres contextes.

 

L’orthographe, tant du nahuatl que de l’espagnol, a été modernisée.

 

Dans la très grande majorité des cas, les exemples sont ceux de Carochi. On note cependant de rares innovations, qui montrent que l’auteur du 362bis parlait couramment le nahuatl. On en a un exemple si on compare l’entrée suivante:

Zan cen. Juntamente, en uno, en una. si uno dice q[ue] hurté deun tiro o deuna vez, o juntamente una gallina de castilla, dos ovejas, y tres cerdos, dira: oniquichtec ce quanaca (por la cresta q[ue] tienen las gallina le dan este nombre) omentin ichcamê, ihuan yeintin pitzomê, ca zan cen mochi in oniquichtec. hurté una gallina, dos ovejas, tres puercos, porq[ue] es verdad q[ue] todo junto, o juntamente lo hurté.

dont l’exemple n’a pas été trouvé[1] chez Carochi où seul apparaît l’exemple suivant :

oc omentin quāquàhuêquê ōniquimichtec, ihuan oc nauhpa ōnitlāhuāan, oc nō izquipa ōninacaquà vierneztica: he hurtado dos buyes mas; quatro vezes mas me he emborrachado, y otras tantas he comido carne en viernes.

En voici, à la suite, un autre exemple ; alors que Carochi dit :

çan tequitl oncān onìiyōcuiquè ōtlaquàquè inic niman occeppa centlaquāuh ōhuāltótōcaquê, no hizieron mas, que comer alli vn bocado, y luego otra vez caminaron aprissa sin parar.

le 362bis note :

Zan huel tequitl onontlaqua niman nia in nitlatequipanoto. No hice sino comer un bocado, y luego me fui atrabajar.

 

On note aussi quelques interventions sur les traductions en espagnol, comme on le voit dans l’exemple suivant :

si pregunto auno quantos hijos tiene, y me responde Zance, solamente uno, denota q[ue] no ha tenido otros hijos, pero si me responde : Za ce, solamente uno, denota q[ue] al presente no tiene sino es un hijo, pero antes tubo otros q[ue] se le murieron.

que l’on comparera au texte de Carochi, à la suite :

si pregunto a uno, qué tantos hijos tiene, y él me responde: çan, o çazcē, dize simplemente, que tiene solamente uno, pero si dize: çā çē, quiere dezir, que ya no tiene mas que vno, con que da a entender que auia tenido mas

 

Les interventions de l’auteur sont au niveau de la coupure des mots, tant en nahuatl qu’en espagnol. Il y a de nombreuses entrées où les particules sont soudées les unes aux autres dans l’entrée principale, alors qu’elles sont analysées en mots chez Carochi ; l’inverse est aussi vrai ; il y a de nombreuses irrégularités entre la coupure des mots dans l’entrée principale et sa réalisation dans les exemples.



[1] La recherche des correspondances entre le 362bis et l’Arte de Carochi a été réalisée grâce à l’index de Una Canger.



[1] La recherche des correspondances entre le 362bis et l’Arte de Carochi a été réalisée grâce à l’index de Una Canger.

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