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CHACHALACA

Marc Thouvenot (CELIA, CNRS) avec la collaboration de Sybille de Pury (CELIA, CNRS)

 

Le rêve de Chachalaca est de fournir toutes les analyses morphologiques possibles d'un mot et seulement les analyses grammaticalement correctes.

Un certain nombre d'obstacles se dressent entre Chachalaca et cet objectif :

· L'orthographe est un obstacle important. Dans un souci d'uniformisation tous les dictionnaires sont écrit dans une orthographe normalisée. Orthographe qui représente un moyen terme entre les grammaires actuelles (celle de Michel Launey en particulier) et les graphies des textes du nahuatl classique. On peut dire que l'orthographe adoptée est celle de Michel Launey mais sans les longueurs vocaliques et les saltillos. Tout écart par rapport à cette graphie provoquera un échec. Cependant pour atténuer cet écueil Chachalaca propose des graphies de substitutions.

ll = l et l = ll

· Chachalaca ne peut analyser que des mots. Ceci suppose que lorsque l'on travaille avec des paléographies de textes anciens les mots sont identifiés. Ainsi les mots "ininxihuitl" et "ininteouh" devront-ils auparavant être entendus comme "inin xihuitl" et "in inteouh".

· Chachalaca a été écrit en se fondant sur la grammaire de Michel Launey et en testant le programme sur cette même grammaire ainsi que celle de Thelma Sullivan. D'un point de vue structurel et phonologique Chachalaca reprend les apports de la grammaire de Michel, celle de Sullivan ayant été elle d'une aide précieuse dans une phase initiale pour l'établissement d'une première liste d'affixes (grâce à son index remarquablement bien fait) et dans la phase des exemples grâce à la richesse de ses exemples. La grammaire de Richard Andrews a aussi été mise à profit mais de façon non systématique. Il est clair que si ces grammaires ont laissé de coté certaines formations, Chachalaca fera de même et n'atteindra pas son premier objectif.

· Chachalaca est entièrement dépendant des dictionnaires qu'il utilise. S'il ne peut trouver un radical dans la formation d'un mot alors il est mis en échec.

· Une limite importante de Chachalaca c'est qu'il ne traite pas le redoublement. Ou tout au moins il ne le traite pas automatiquement, il est en effet nécessaire d'utiliser le bouton "Red." pour obtenir une forme du mot recherché, mais sans redoublement.

· Une autre limite tient au fait que les mots analysés ne peuvent comporter qu'un maximum de 3 radicaux nominaux ou verbaux au milieu d'un nombre illimité d'affixes. Dans quelques cas cette limite peut provoquer un échec.

J'ai écrit Chachalaca pour deux raisons principales :

· comme spécialiste de l'écriture pictographique nahuatl j'ai besoin de procéder à des analyses morphologiques fines de la langue pour voir les relations existantes, quand elles existent, entre les images et la langue.

· la deuxième raison c'est que je ne suis ni linguiste, ni spécialiste du nahuatl, ni doté d'une très bonne mémoire. L'étude du nahuatl n'étant pas le thème principal de mes recherches à chaque fois que pendant des périodes plus ou moins longues je ne pratique pas l'analyse de cette langue il m'en coûtait d'y revenir. J'avais l'impression d'être toujours obligé de réapprendre ce que j'avais oublié.

C'est donc pour m'éviter des efforts que j'ai écrit ce programme. Mais sans doute ne l'aurais-je pas fait si je n'avais pensé que ma situation n'avait rien d'exceptionnelle. L'expérience m'a montré qu'il existait parfois chez ceux qui travaillent sur l'écriture pictographique nahuatl un déséquilibre dans la connaissance des images et celle de la langue. Je crois donc que pour ceux là Chachalaca devrait être utile. Il devrait l'être aussi pour tous ceux qui font un usage du nahuatl classique dans leurs travaux, surtout à ceux qui ne sont confrontés à cette langue que de manière épisodique et qui partagent avec moi le goût du moindre effort.

Ce programme doit déjà beaucoup à Michel Launey, car c'est dans sa grammaire que j'ai trouvé les analyses morphologiques et surtout leurs justifications les plus fines, parfois j'ai eu l'impression que sa grammaire avait été écrite pour être informatisée…. je crois qu'avec le temps et l'évolution du programme, Chachalaca lui devra de plus en plus.

Chachalaca est conçu comme un programme expert, c'est à dire qu'à coté du moteur, qui ne peut varier que par programmation, toutes les données grammaticales ou lexicales sont introduites sous forme de texte et sont modifiables avec n'importe quel traitement de texte.

Cette caractéristiques étaient indispensables pour la mise au point. En effet après avoir conçu globalement le processus d'analyse, sur la plage de Chachalaca, est venu le temps des essais et de la confrontation avec la réalité de la langue.

Cette mise au point s'est faite essentiellement en quatre étapes. Dans un premier temps je me suis fixé comme but de reproduire toutes les analyses qui apparaissent dans le livre de Michel Launey. Mot après mot de façon assez systématique. J'ai fait la même chose de façon moins systématique avec la grammaire de Thelma Sullivan. De suivre ainsi les exemples m'a permis de m'approcher du premier but : faire que Chachalaca soit capable de sortir la bonne analyse de n'importe quel mot. La contrepartie c'est que de nombreuses formes impossibles sortaient aussi. Parallèlement j'ai du mettre en place toutes les règles pour exclure ces analyses grammaticalement fausses.

La deuxième étape est l'œuvre de Sybille Toumi. Elle a en effet observé et commenté les 20.000 analyses produites par Chachalaca sur tous les mots du dictionnaire 362. Ses observations m'ont été extrêmement précieuses et ont permis d'affiner le fonctionnement du programme.

La troisième étape a été réalisé par l'analyse automatique de textes entiers. D'une part un florilège constitué de passages de divers textes et d'autre part de la paléographie aimablement mise à ma disposition par Carmen Herrera du document n° 30 de la Bibliothèque nationale de France. Ces analyses systématique de tous les mots de plusieurs textes m'ont permis d'élaborer de nouvelles règles.

Enfin la dernière étape correspond à l'intervention de Michel Launey à qui j'ai présenté pour expertise tout ce travail, accompagné d'une multitude de questions correspondant à autant de doutes, et qui m'a fournis un grand nombre de réponses dont bénéficie aujourd'hui Chachalaca.

Ce programme est dédié à Luis Reyes Garcia et aussi à tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, ont soutenu le développement de ce programme.

Par ordre d'entrée en scène :

Sybille de Pury, les habitants de Chachalacas, Thelma Sullivan, Rubén Romero Galvan, Carmen Herrera, Luis Reyes, Michel Launey, Duna Troiani, Alfredo et Martha Lopez-Austin., Alexis Wimmer… Sans oublier Rémi Siméon, Alonso de Molina…

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